Mister X

Astrid

Astrid les regarde s'éloigner avec un sourire bienveillant, puis se tourne vers Valentina. "Je crois que je n'avais pas bien compris son idée de Double date, je l'avais juste pris pour un gros lourd. Tu veux faire quoi ? il est où mister x ?"

En balayant la salle des yeux, Valentina repère Oz au milieu de la foule.

Valentina fait un petit salut militaire exagéré et visiblement humoristique en direction d'Oska lorsqu'elle le voit s'éloigner, en faisant mine de ne pas avoir aperçu Oz.

"Ömer ? Je ne le connais que depuis ce matin, donc j'avoue que je ne savais pas vraiment où il voulait en venir avec son histoire de 'double date'... J'ai pas de bon ou de mauvais feeling avec lui, je pige simplement pas ce qu'il a en tête... Je suis peut-être parano mais j'ai l'impression que c'est le genre à cacher un max de squelettes dans son placard."

Elle hausse les épaules et sourit en coin.

"Enfin, je pense surtout que je suis parano, il a pas l'air méchant. Quant à Mister X..."

Elle fait un mouvement de la tête en direction d'Oz, aussi discrètement que son stress lui permet.

"... c'est le brun en gilet à capuche, là-bas. Attention, je ne veux aucun commentaire ! Je sens les objections et les taquineries qui naissent dans ton esprit farceur, mais pas de ça, laisse-lui une chance ! J'ai déjà gaffé en lui disant qu'il faisait gosse de riche, je ne veux pas en rajouter, même en son absence ! Le verre que je te dois en dépend."

Elle agite un index strict devant Astrid en adoptant la posture d'une maîtresse d'école, puis lui fait un sourire complice.

Valentina ne parvient plus vraiment à dissimuler son stress sous son flot de parole, et lui lance un regard mi-paniqué, mi-amusé.

"Je sais pas ! Je suis rouillée Stridou, c'est affreux, j'ai l'impression de pas avoir fait ça depuis des années..."

Elle est silencieuse une seconde, dans le vague, puis écarquille les yeux.

"J'ai pas fait ça depuis des années ! L'ambiance était vraiment glauque dans la dernière base militaire, et puis l'emménagement en Islande, ça doit bien faire deux ans que... Merde, je fais quoi ? J'attends qu'il vienne, j'y vais ?"

Valentina soupire, le regard plein d'admiration pour sa mentor.

"Qu'est-ce que je ferais sans toi, tu veux bien me le dire ?"

Puis elle se retourne vers la foule pour faire signe à Oz, tout sourire.

Oz sirotait son verre en fixant d'un air un peu absent la foule. Il vérifiait régulièrement son téléphone, ainsi que l'entrée du bar. Il trouvait l'attente longue. Le bain de foule habituellement rassurant commençait à l’oppresser. Peut-être qu'il devrait rentrer finalement? Mais il avait trop envie de la voir... sinon il se ferait des films toute la nuit et n'en dormirait pas. Il était fort pour ça... Isold le traitait de 'vraie gonzesse' quand il partait dans ses délires...

Son regard s'arrête sur la main qui semble lui faire signe, puis il reconnait Valentina et ne peut s'empêcher de sourire. Un sourire franc et plutôt radieux. Pas de ses sourires faux, forcés, caricaturaux qu'il donnait habituellement.
Il lui fait signe en retour.
Calme ta joie putain... Tu vas faire mort de faim...

Valentina fend la foule d'un pas assuré, en ressentant de loin en loin des pointes d'appréhension. Une partie d'elle-même, une partie de ses souvenirs lui hurlent que toute forme d'attachement à long terme ne peut être qu'une mauvaise idée. Elle ne tente pas les enfouir; sait que c'est peine perdue. Choisit plutôt de raisonner avec l'angoisse, comme toujours. Il sait se débrouiller, se défendre, ça se sent. Et s'il a besoin d'aide, s'il est menacé par un connard quelconque, tu sauras quoi faire, cette fois-ci. Tu agiras. Maintenant, amuse-toi un peu, bon sang ! Elle relève la tête, et se remémore les paroles d'Astrid, qui achèvent de repousser ses doutes.

C'est pleine d'assurance que Valentina parvient au niveau de Oz, Astrid sur les talons.

"Hey ! J'espère qu'on a pas été trop longues ! Astrid, je te présente Osv... Oz; Oz, voici Astrid, ma coloc et maîtresse à penser !"

Elle ne peut réprimer un grand sourire, toute joyeuse de le revoir.

Oz sourit en coin, détaillant peut-être un peu trop le visage de Valentina, puis reporte son attention sur Astrid histoire de ne pas passer pour un goujat.

"Cool les cheveux! Enchanté... Ça consiste en quoi d'être 'maitresse à penser?" demande-t-il avec légèreté.

Il se sentait comme un gamin au tableau devant toute la classe, angoissé de dire une connerie et de se faire rembarrer par le prof...

Valentina se rend compte qu'elle a glissé une private joke dans ses présentations et s'empresse de corriger le tir. Elle hausse les épaules avec un sourire en coin plein d'auto-dérision :

"Ca veut juste dire que je fais moins d'erreurs quand je l'écoute ! Et puis, elle prépare une thèse de socio, c'est un peu ma star quoi ! Au fait, je ne t'ai même pas demandé, tu es à la fac toi aussi ?"

Ok, question sans risque, cool, respire... Évite de parler du beau temps quand même...

Oz n'interprète pas le retrait d'Astrid, tout à ses papillons dans le ventre.

"Ouais, je suis en deuxième année de droit! Et toi Socio aussi du coup?"
Il sorite son verre, comme pour se donner contenance.

Il regarde le monde au bar.

"Je... vais vous chercher un verre? Vous préférez rester dans la fosse ou prendre une table? J'étais avec un copain mais il semble roucouler avec une nana hyper prise de tête, j'ai un peu pris l'air..."

Elle vient avec une copine, ne l'isole pas de la copine... Sois cool... C'est important l'avis des copines... surtout star!

Valentina hésite une demi-seconde; elle a comme l'impression de sauter dans le grand bain. Oublie pas que tu a déjà appris à nager, quand même...

"Oui, socio aussi ! Hey, il se trouve que je dois un verre à ma chère coloc pour..."

Elle rougit très légèrement :

"...une faveur rendue, donc je peux genre, t'accompagner au bar, on ne sera pas trop de deux pour ramener tous ces verres, non ? Astrid, ta bière favorite je présume ?"

Sans croiser le regard d'Oz, elle cherche les yeux d'Astrid comme un phare dans la tempête, tente d'y déceler une trace d'approbation.

Oz sourit poliment à Astrid et vide son verre avant de guider Valentina. Il était un peu mal à l'aise de ces regards appuyés.
Une fois un peu plus loin dans la foule, il demande à Valentina.
"J'ai l'impression que je suis pas trop au goût de ta ´Maitresse'..."

"Ok, une bière qui marche !"

Lorsque Astrid détourne la tête, Valentina suit son regard, qui la mène directement aux yeux d'Oz. Elle croit capter un soupçon de malaise dans l'air, puis décide que son pessimisme est encore en train de lui jouer des tours.

Lorsqu'elle s'éloigne avec Oz et qu'il se retourne vers elle pour lui parler, elle tend l'oreille en souriant. Elle écoute, et son sourire se fait presque plus chaleureux, presque plus détendu, mais quelque chose de sombre et d'agressif passe dans son regard, on devine le feu sous la braise. Elle avance quelques mètres de plus pour atteindre une alcove un peu moins envahie par le monde et le bruit, puis se tourne vers Oz, et lui parle d'un ton calme :

"T'inquiètes, elle est comme ça avec tout le monde. Elle observe les gens, c'est pas bizarre, c'est juste son job."

Elle semble hésiter, puis s'approche un peu plus de lui, plus proche qu'elle ne l'a jamais été, pour pouvoir lui parler à voix basse malgré le brouhaha ambiant :

"Et puis c'est pas ma 'maîtresse', c'est ma meilleure amie, et comme les boîtes, c'est pas les lieux les plus sûrs pour les filles, elle fait sans doute un peu plus gaffe que d'habitude, hmm ? Dans sa logique, c'est à toi de la rassurer, par l'inverse; t'en pense quoi ?"

Elle plonge ses yeux dans les siens et guette sa réaction, un sourire amusé aux lèvres. Ah, t'es plus à l'aise quand ça castagne, hein, ma vieille ? Tu pouvais pas t'empêcher d'en rajouter une couche ? Ca va pas du tout le faire fuir, ça, non.

Il sourit, goguenard, frissonnant à cette douce proximité qui lui paraissait étrangement naturelle. Son regard ne quittait pas le sien.

"Putain, personne m'a jamais demandé d'être rassurant, en général c'est plutôt l'inverse qui se passe! Tu crois vraiment que je serais crédible?"

Il rit, plus complice. Depuis le début il fraye le passage à Valentina, jouant des coudes sans trop de ménagement, puis reprend plus sérieusement.

"Le truc, c'est que... je pense que si je jouais les chevaliers servants en te considérant comme une faible femme je te ferais fuir à des kilomètres, je me trompe?"

Le concert est sur le point de commencer, la masse de personnes qui était devant le bar, du moins, ceux qui ont déjà un verre à la main sont en train de se déplacer vers la scène. Ils se font un peu bousculer.

Valentina sourit, puis rit franchement lorsqu'il parle de chevalier servant, heureuse qu'il encaisse aussi bien ses petites piques mouchetées. La foule l'agace soudain; elle aimerait pouvoir lui parler normalement, simplement, loin du chaos ambiant. Elle le suit, en parlant assez fort pour couvrir le chahut :

"Hé, attention chevalier, je te dis ce qui la rassurerait elle, pas ce qui me plairait à m..."

Lorsque la masse de spectateurs commencent soudainement à évoluer vers la scène, elle trébuche et sa main vole vers le bras d'Oz; elle ne fait que l'effleurer, s'y attarde une seconde; puis l'instinct de sportive prend le relais, et elle se reprend sans s'accrocher à lui, décide de faire bloc, de jouer des épaules pour ne pas être déstabilisée.

"On dirait que ça commence !"

Oz est ravi de ce contact. Il ressentait quelque chose de très différent face à elle. Tout son corps, son esprit réagissait à sa présence, à son contact. Il vibrait délicieusement. Il n'avait ressenti cela que pour une seule personne auparavant...

"Ouais! Mais t'inquiète ce genre de concert ca profite beaucoup et du coup ca circule! Profitons du bar!!"

Il essayait de ne pas faire le chevalier servant mais en mourait d'envie. Il voulait prendre soin d'elle... même s'il ressentait qu'elle n'en avait pas besoin.
Oz joue des coudes jusqu'au bar et attend Que Brilir soit dispo, ne voulant être servi que par lui afin qu'il ait le pourboire. Il aimait être fidèle aux bonnes personnes.

"Vous prenez quoi du coup?"
Il joue des coude

Valentina se rapproche et se juche rapidement sur un tabouret de bar non loin d'Oz, admirant, appréciative, la belle selection du Græni Hatturinn.

"Une bouteille de Lava pour Astrid, et..."

Ses yeux courent sur les noms d'alcool. Elle fait durer l'instant, heureuse d'être à ses côtés dans le calme, puis réalise soudain qu'Oz est sans doute pressé de retourner vers la scène, et que le barman pourrait s'impatienter. Elle hésite entre plusieurs choix avant de se décider pour une bière relativement peu alcoolisée. C'est plus sage, t'es déjà complètement ailleurs ma fille !

"Une Gæðingur pour moi !"

Elle lisse un billet de banque chiffonné sur le comptoir et l'avance pour payer les deux consommations, avant de se tourner vers Oz, sourire aux lèvres :

"Et toi, qu'est-ce que tu bois ?"

Oz récupère son billet et le glisse dans la poche de Valentina avec un certain doigté, sans qu'elle ne le sente particulièrement. Il avait appris à faire les poches sans se faire repérer au centre et adorait s'exercer...

"Tttt-ttt-ttt! Je te dois un verre non?"

Il lui sourit.
"T'as déjà gouté du Brennivin au moins?"

Valentina arque un sourcil; troublée par la proximité soudaine avec Oz, elle ne remarque pas sa petite manœuvre.

"Du Brenni-quoi ?"

Il rit.
"C'est l'alcool national! Attend c'est incontournable!"

Il se tourne vers Brimir et demande avec enthousiasme en tapant sur le bar.
"Deux shots de Brennivin tavernier!"

Une fois servis il lui donne son verre et prend le sien pour le lever et trinquer. Oz plonge son regard noir dans le sien, ressentant toujours ce délicieux frisson.
"Cheers!"

En voyant le liquide transparent couler dans le petit verre, Valentina est traversée par un souvenir confus, un de ces souvenirs troubles du réveil : Astrid entrant dans leur chambre au petit matin, s'affalant sur son lit sans discrétion aucune et poussant un râle d'agonie mélodramatique - "Mort noire ! Ne les laisse jamais te servir leur jus de patate démoniaque, petite Valentina... Ne les laisse..." - avant de sombrer dans un lourd sommeil.

L'appréhension la fait hésiter, mais avant qu'elle ait pu formuler la moindre objection, le regard magnétique de Oz a fait son oeuvre; les verres tintent - "cheers !" - et l'eau de vie lui brûle déjà la langue.

Les événements éprouvant des derniers jours s'estompent rapidement dans la chaleur de l'instant; elle lui sourit simplement.

"Mais c'est super bon ! Décidément l'Islande est pleine de belles surprises..."

Il rit en la voyant faire puis prend les bouteilles de bière.
"Ouais... mais faut pas trop en abuser, surtout en début de soirée, sinon tu vas m'accuser de t'avoir saouler pour profiter de toi!"

Il se retourne et scrute la salle, cherchant la table de Rafael du regard, ne voulant pas l'abandonner avec la relou, cherchant une table pour eux.

"T'as envie de quoi? Une table, rester au bar, la fosse?"

La plaisanterie et la question percent la petite bulle d'ivresse naissante de Valentina; elle cligne des yeux, pose le verre et scrute la foule à son tour.

"Blague pas avec..."

Elle se reprend, décide que ce n'est pas le moment.

"Je sais pas trop, ma coloc nous cherche une table donc ce serait cool de la rejoindre, pas trop envie de la laisser seule pour l'instant; et toi ?"

Il acquiesce, continuant de scruter la foule et fixant Rafael s'étant bien rapproché d'Alva.
"Ben... J'étais avec mon meilleur pote... Mais on dirait qu'il a trouvé bonne compagnie... Et franchement j'ai pas trop envie de passer ma soirée avec une nana qui me prend la tête... Si ça fait son bonheur à lui, je vais pas lui casser son délire, hein... Mais elle m'a trop mis les nerfs..."

Il hausse les épaules et lui sourit.
"Je te suis! On devrait pouvoir la retrouver facile ta cops non?"
Il cherche la touffe rose dans la foule, puis vérifie son téléphone pour voir s'il avait des nouvelles d'Isold.

"J'ai une copine qui vient aussi... mais elle est sortie de cours tard..."

Valentina se lève, pousse son verre en direction de Brimir en le saluant d'un hochement de tête.

"Ok, on va retrouver Astrid... Hé, mais t'as l'air sacrément en rogne contre cette fille ! Qu'est-ce qu'elle t'a fait ? A part te piquer ton meilleur pote ?"

Elle lui sourit en coin, complice.

Il rit en lui jetant un regard complice en coin.
"On ne pique pas un meilleur pote..."
Il part en direction d'Astrid.
"Je l'avais rencontré à une fête elle avait l'air cool. j'lai aidé sur un truc, pour un bouquin, ça avait l'air important pour elle et tout, j'ai pris des risques, du temps, et c'est limite si j'ai eu un merci... Et j'sais pas, je dois pas lui revenir, j'ai l'impression qu'elle me méprise et ça m'fout les nerfs... Genre le monde tourne autour d'elle, et si t'es pas dans son délire t'es qu'un con..."

Face à l'état d'énervement d'Oz, et au fait qu'il ait accompli tout cela pour cette fille, Valentina ne peut réprimer un léger froncement de sourcils; elle s'en rend compte, et éclate d'un rire presque silencieux, se moquant d'elle-même. Non, sérieux, tu vas déjà jouer les meufs jalouses le premier jour ? T'es vraiment gamine à ce point ? Soudain, un détail la heurte :

"Attends, tu es en train de me dire que tu as pris des risques pour un livre ? Genre, tu l'as volé ?"

Oz hausse les sourcils, un peu surpris par sa question.
"Ah ouais, tout de suite tu te dis que j'ai volé un truc?"

Il retient un rire puis ricane en se grattant l'arrière de la tête, faisant malgré lui son grand gamin innocent.
"Bon, ok, je l'ai aidé à le piquer, mais techniquement, c'est elle qui l'a pris... enfin emprunté... Enfin je crois..."

Astrid est un peu plus loin, en train de discuter avec Oska.

Le téléphone d'Oz vibre.

Rafael

--> Viens à la table, on a trouvé un truc super zarbe... rapport à la nuit dernière. faut que je te montre.

Oz grimace.
"Merde... Je crois que je vais devoir y retourner... Raf a un truc à me montrer par rapport au livre justement..."

Il hésite et s'humecte les lèvres.
"Tu... préfères retrouver ta cops?"

L'explication atteint Valentina comme un verre d'eau en plein visage ; elle n'en laisse rien paraître. Des images défilent dans son esprit : les policiers à la bibliothèque, le regard inquiétant du flic, Et Oz, Oz qu'elle connaissait décidement bien peu.

Lorsqu'il lui pose la question, elle n'hésite pas une seconde, un sourire de façade aux lèvres :

"T'inquiètes, je vais lui envoyer un message; je te suis, j'ai hâte de rencontrer la fille mystère !"

Oz ne ressens pas le malaise et la prend très naturellement pas la main, avec un charmant sourire.
"Pour pas se perdre..."
Après un petit clin d’œil il file retrouver la table de Rafael et Alva.