Livre-moi tes secrets

Après avoir quitté la bibliothèque avec leurs livres sous les bras, Alva, Oz et Ömer regagnent le campus. En arrivant, ils croisent une voiture de police qui en repart. Oz propose à Alva de la raccompagner.

"Merde, c'est quoi ce bordel, on a eu chaud! Trainons pas..."
Prenant son plus beau sourire charmeur, Oz sourit en coin et demande à la jolie blonde.
"Je devrais te raccompagner... au cas ou..."
Il reprend immédiatement.
"T'inquiète, pas de mauvais plan! Juste pour être sur que tu ne te fasses pas chopper avec un livre ancien volé toute seule!"

"On a eu chaud ? Hummmm..."

Elle écoute le topo de Oz, le fixe d'un air sérieux et distrait.

" Si tu veux. C'est par ici."

Et elle continue d'avancer dans la direction pointée.

" Dis-moi, tu gères bien l'islandais toi, non? "

Ömer les regarde partir. Il soupir et part dans la direction opposée. Il sort son téléphone portable, écoute sa messagerie et décide tout de suite de rappeler la femme qui l'a appelé depuis le téléphone de Antonius.

Oz rit de bon cœur à sa question.
"Je m'appelle Ósvaldur Tjörvisson ! Un peu que je gères bien l'islandais! Je suis islandais! T'as besoin d'aide pour le bouquin? Ou pour des cours particuliers?" plaisante-t-il gentiment.
"Toi t'es d'où?"

"D'aide, probablement oui. Toutes les langues présentent des subtilités et des sens oubliés, et ce livre est plutôt ancien. "

Elle détaille son visage.

"Ósvaldur... Hum... Moi je viens de Sverige, de Suède. Dis... qu'est ce qui t'a fait flippé dans ce bruit de train? Qu'est ce que tu as ressenti ?"

Elle semble guetter sa réponse autant que les emotions qui pourraient passer sur son visage.

Il sourit à sa première remarque.
"Tu sais, l'islandais a quasiment pas bougé depuis les temps viking! On est tellement conservateurs... C'est un peu comme si on parlait encore latin tu vois! En fait on parle encore vieux norroi... Du coup même ton vieux machin je devrait pouvoir te le lire..."

Quand il entend son prénom en entier il grimace.
"Hey... Y'a que ma mère et les flics qui m'appellent comme ça hein... Oz c'est très bien!"

Oz s'allume une cigarette avant de repondre à sa dernière question. Il hausse les épaules. Çela ne semblait pas tant le toucher que ça.
"Je sais pas c'était bizarre, je sais pas qui nous a joué un mauvais tour oú si c'était une sonnerie de téléphone bizarre... Je fais beaucoup de conneries mais je veux pas me faire encore chopper..."
Il sourit, amusé, rien ne semblait important.
"C'était P't'être Omer?! Il est chelou nan? J'ai pas compris son délire ce soir!"

Alva l'observe d'un air poli et attentif.

" Je pensais que tu le connaissais, Ömer... Sinon pourquoi participer à un cambriolage qui ne te rapporte rien... ?"

Elle pointe les livres de Oz du doigt.

" Si tu avais une telle urgence pour emprunter tes bouquins hors des heures habituelles, me raccompagner ne va pas te mettre dans le Jus? "

Oz sourit à sa question sur Ömer.
"Je sais pas peut-être qu'il voulait te chopper?"

Oz tire longuement sur sa cigarette et hausse les épaules, lui offrant toujours un charmant sourire.
"T'inquiète, je vais pas dormir, je m'en sortirai. Mon cours est à 15h! Et puis faut avoir ses priorités!"

Alva hausse les épaules en entendant la réponse de Oz.

"Mouais... tu ne le connais pas, plus que ça, donc. On verra bien... En espérant qu'il ne nous balance pas."

Alva tend le cou pour essayer de repérer la fenêtre de sa chambre, y déceler la lumière qui trahirait la présence de Lorig.

Aucune lumière à la fenêtre, Leur chambre est dans le noir, mais les rideaux sont ouverts.
(A noter qu'ils n'ont pas de volets en Islande)

Oz lui sourit en la regardant chercher.
"Je t'aide un peu pour la lecture?"

Alva reporte son attention sur Oz.

" Oui, oui, je veux bien. Ma coloc est encore de sortie, ce sera plus simple. Alors hummmm ça t'arrive souvent d'aller voler des trucs? Ça ne risque pas de nuire à ta future carrière ? "

Il ricane et hausse les sourcils.
"Ma carrière est déjà foutue! A l'international en tous cas, mais j'ai la chance d'avoir mon père qui lave mon casier régulièrement. Mais t'inquiète hein, je fais jamais de truc vilains, juste des conneries de gamins... Ou défendre des causes justes! Comme la tienne!" fanfaronne-t-il.

Alva rit à sa remarque.

"Une cause juste ? Tu penses que ma cause est juste ? Et qu'elle est-elle selon toi ?"

Il rit de bon cœur.
"C'était une façon de parler... Une tournure... Et une flatterie, mais dis-moi, quelle est ta cause alors?""

Alva sourit.

" Je crois que je ne me suis jamais posée la question en ces termes... Ma cause ... La vérité ? Un peu fumeux non? Disons que je crois en beaucoup de choses et que j'aime déterrer les vieux secrets... ceux qui ont fait le monde... ou peuvent le changer."

Elle hausse les épaules.

" Hum... J'y reflechirai. "

Il sourit largement en la suivant toujours.
"Tu veux changer le monde? C'est un vaste programme! Mais y'a plein de gens cool qui font ça comme des chefs... Regarde en Öropa... Tu le ferais comment toi le monde?"

Alva fait la moue.

"Non... Je ne veux pas changer le monde, pas moi-même. C'est juste que , j ai la sensation qu'il y a quelque chose de grippé, de bloqué. .. Comme un truc qui deconne et qu'il faudrait remettre en place... Je ne sais pas ... Et puis le monde serait peut être pire... il le serait sûrement pour certains plus que pour d autre comme c'est le cas aujourd hui... Et puis ça ne va pas forcément le changer... "

Alva se frotte les yeux.

" La vache, ce soir soit j'ai trop bu soit pas assez... Enfin heureusement pour moi on arrive."

Et de demander en ouvrant la porte:

" Et toi, ton monde, tu me ferais comment ?"

Son expression change et pour quelques instants il fait tomber ce masque de légèreté et de mauvais garçon qu'il se donne.
"Probablement plus simple... Plus libre... Et plus juste..."

Oz ricane de nouveau, un peu gêné de s'être ainsi dévoilé.
"Mais j'ai pas la recette ni la baguette magique pour!"
Il se passe la langue sur les lèvres et demande.
"On se fait un p'tit joint?"

Alva hésite un instant puis referme la porte, afin qu'ils restent dehors.

" d'accord"

(Alva, tu pourras nous faire une petite description de la chambre ?)

Oz sourit en coin et fixe Alva par en dessous.
"Sur le palier?"

( oui des qu on sera dedans mais pour moi on allait rentrer dans l'immeuble et du coup la on est dehors encore. )

" Pas dans la chambre en tout cas. Devant l'immeuble c'est ce qu'il y a de plus adapté, ici.. A défaut il te faudra attendre d'être chez toi. "

Oz grimace, embêté.
"On va plus se faire chopper ici. Moi je m'en fous je suis pas dans le campus mais ça peut te faire des ennuis!"

Il soupire.
"Ok laisse tomber..."
Il ouvre la porte de l'immeuble et la lui tient pour qu'elle entre.

Alva entre et gravit les marches 2 par 2 comme à son habitude. A l'étage elle tourne à droite et demeure silencieuse et pensive.
Devant une porte comme tant d'autres elle s'arrête et frappe quelques coups, presque musicaux. Elle tend l'oreille et jette un regard amusé en direction de Oz, se demandant de qu'il devait imaginer, lui intimant le silence d'un doigt sur sa bouche.

Apparemment satisfaite, elle donne un tour de clé dans la serrure, entre et allume la lumière.

" Tu fermes la porte derrière toi ? "

La pièce présente deux lits, deux bureaux et une autre porte. Il y flotte un reste de parfum d'encens ou de bougies. L'ensemble paraît plutôt ordonné, mais on peut voir sur le bureau de gauche des livres ouverts et  quelques bibelots. Le lit est fait mais recouvert de fringues délaissés.

A droite, plusieurs dessins au crayon sont punaisés au mur au dessus du bureau. Sur un ordinateur repoussé sur le côté s eparpillent des tubes de peintures. Trois pinceaux sont posés près d'une feuille en train d'être recouvertes de petits points de différentes couleurs. Le lit a été refait a la va-vite et il semble que le pied d'une peluche dépasse d'en dessous de l'oreiller. Au plafond, juste au dessus du lit et faisant peu ou prou la même taille, on peut apercevoir la reproduction d'un tableau, du même esprit que ce qui est sur le bureau. Sur la table de chevet sont, pelle-mele un livre, une photo de famille, la figurine d'une créature hirsute, des bijoux...

Alva s'est dirigée vers la fenêtre pour en clore le rideau, puis s est mis à deloger le livre qui commençait à lui tenir chaud.

Oz ferme derrière lui et pose ses livres par terre à côté de la porte d'entrée.
Il détaille la pièce avec un sourire en coin, mi-amusé, mi-attendri, et demande finalement.
"T'étudies quoi déjà?"

Alva pose délicatement le livre sur le lit de droite puis en profite pour se délester de son manteau et de son pull quelle pose dans un coin.   Elle s'asseoit en taileur sur ses oreillers avant de lui répondre avec un large sourire.

" Je t etudies toi."

Elle marque une pause et reprend.

" je suis en anthropologie. J étudie l'humain, sur le côté anatomique, psychologique, et... social, culturel. Mais je préfère ce dernier volet et vais me spécialiser dedans. "

Du tiroir de sa table.de.chevet, elle tire un calepin et un stylo puis.tapote le lit.

"J espere que tu n'as pas une voix soporifique quand tu lis. "

Oz ricane, amusé et charmé désormais. Il prend la chaise de son bureau, la retourne pour s'accouder sur le dossier une fois assis.
"Et t'as choisi d'étudier les islandais?"

Il écarte les bras sur le côté, faisant son fier.
"Tu as choisi un superbe specimen!"
Il ricane et sort de quoi rouler un joint.
"Et non je ne suis ne rien soporifique, pour qui me prends-tu?"

Elle pointe du doigt le dessin au dessus de sa tête. Plutôt les australiens. Mais surtout les mythes, et ça qu'elle que soit leur origine. "

Elle fronce son nez en le voyant faire.

" La tout de suite je te prend pour quelqu'un qui n'écoute pas ce qu'on lui dit"
. Elle montre du menton ce qu'il a dans les mains.

" Pas ici. "

Oz lui offre un large sourire charmeur.
"Je sais, je le prépare juste t'inquiète. Je suis un vilain garçon mais je respecte les désires des donzelles!"
Il lui fait un petit geste des doigts vers lui.
"Montre-moi ton bouquin..."

Alva récupère le livre sur le lit avec précaution, va s'asseoir sur le bord près de Oz puis le lui tend.

"Méfie toi, il est plutôt ancien, les pages peuvent s abîmer en les tournant si il a été mal conservé... "

Il ricane.
"Faut qu'je mette des gants?"
Il prend cependant le livre avec délicatesse et serieux.
"C'est vraiment vieux! Tu comptes trouvés quoi là dedans?"

Il commence à parcourir les pages.

Alva l'observe avec affection manipuler le livre avec la précaution demandée. Elle prend le temps de lui répondre.

" Des variations dans les mythes, des mots a multiples sens qui pourraient cacher un secret. Quelque chose d inédit, aussi, même si j'ai peu d'espoir. Et pourquoi pas une carte aux trésors par énigmes nous menant droit au pays des lutins?"

Elle sourit presque avec tendresse, mais son regard semble s'être enflammé à l'évocation de tant de possible.

Il rit, ne la prenant pas au sérieux, restant cependant bienveillant. Il semblait plus naturel dans sa réaction.
"Au pays des lutins?"

Il s'humecte les lèvres et installe son joint sur son oreille.
"Je vais pas voir les doubles sens et trucs cachés moi, j'ai pas de références pour ça..."

Alva recule.sur son lit pour s adosser contre ses oreillers. Elle semble parfaitement sérieuse.

".Moi jai les references. Commences.a lire dès que tu peux. "

Et elle ponctue sa phrase par le claquement du stylo bic dont on sort la mine. La main levée au dessus de son carnet, elle semble prête à ne rien manquer.

Le livre est assez encombrant de par son grand format carré. Le papier est épais et a peu souffert des affres du temps. Le texte est écrit à la plume, il faut quelque minutes pour s'habituer au style et bien identifier les différentes lettres calligraphiées.
Les illustrations sont nombreuses et magnifiques, elles ont gardées leurs couleurs. Cela ressemble à une sorte d'encyclopédie dans laquelle seraient référencés les fées, lutins, trolls et autres créatures féeriques.

Oz commence sa lecture :

Les Álfars sont parmi les plus nombreuses sur notre monde, leur allure est aérienne, vaporeuse et plutôt féminine. Ils sont les amis des humains et veillent sur leur santé, ainsi bien leur cœur que leur esprit. Ils habitent dans des grottes, des collines, des roches isolées, et la mémoire de ces lieux, très respectés se transmet de génération en génération.

Fébrilement, Alva prend des notes.
"Je n'étais jamais tombée sur cette version... fascinant... Dis-moi, tu veux bien faire un saut sur le passage parlant des trolls ?"

Elle s'est rapprochée de Oz et du.livre, regardant par dessus ce dernier les dessins accompagnant les mots.

Quelques pages plus loin, ils trouvent le passage sur les trolls.




Les trolls sont très grands, et d'apparences grotesques, le plus souvent malveillants. Ils vivent dans des grottes, ou autres lieux sous terrain, toujours au milieu de la nature. Ils adorent les trésors, mais surtout, ils aiment se battre. C'est pourquoi pour la plupart, ils vivent isolés, même si certains forment de petits groupes, ils détestent être dérangés. Ils sont méchants, cruels, infiniment laids, forts et trapus mais fort heureusement ils sont plutôt idiots. De plus, ils ont un point faible qui nous préserve de leur malveillance, dés que le jour se lève, si un troll n'a pas regagné sa caverne, il est immédiatement changé en pierre. Ils sont également friands de bière, celle ci leur fait oublier toute prudence et notion de temps.
Car malheur à celui qui croise le regard d'un troll, il n'y échappera pas, le plus souvent il est capturé pour être dévoré. Mais il arrive également qu'un troll décide de séduire un humain, il le réduise en esclave afin de donner naissance à des demi-trolls. Les demi-trolls et leur descendance sont de nos jours bien intégrés dans la société.

Oz continue sa lecture sous l'oreille attentive d'Alva dont les yeux brillent comme ceux d'une enfant.
Ils sont interrompus par Lorig qui rentre de soirée, un peu éméchée et leur lance des regards plein de sous entendus. Une fois Oz parti, elle se met à rire et à taquiner Alva en lui faisant remarquer que sous ses airs de petite fille sage, elle aimait les mauvais garçons.