Papy gâteau

L'escapade de la nuit et le bachotage intense ont porté leurs fruits, Oz en est convaincu, malgré la fatigue, il a assuré lors de son examen. Il a su répondre à tous les cas pratiques, ainsi qu'aux questions plus techniques. Isold lui dirait probablement que la pizza y est aussi pour quelque chose dans sa réussite.

Comme tous les vendredis, après les cours, Oz rend sa petite visite rituelle à son grand-père. Il s'occupe de lui faire ses courses, il l'aide d'un point de vue administratif, papy Gauti a un superbe ordinateur, mais il ne sait toujours pas s'en servir et compte sur Oz pour ça. Il va aussi probablement lui sortir ses vieux jeux de sociétés, son papy est un rigolo, malgré son grand age,  il n'a pas perdu son âme d'enfant et adore s'amuser.

Gauti

Oz toque, il entend ses pas, la porte s'ouvre lentement sur le visage fatigué et surtout très contrarié de son papy.

Oz hausse les sourcils, surpris. C'était rare de voir son grand père dans un tel état, lui qui était toujours de bonne composition, le roi de la blague! Même si elles étaient durent à comprendre... Oz n'avait probablement pas les codes... Un problème de génération un truc comme ça...

Il aimait venir voir son papy. C'était le seul membre de sa famille avec qui il n'avait pas de problème. Cette tension désagréable n'existait pas avec papy Gauti... Oz avait l'impression réelle qu'il ne le jugeait pas. "Que jeunesse se fasse" disait-il souvent. Il prenait les conneries d'Oz pour des blagues ratées... En soi ce n'était pas totalement faux, non?

"Ben alors papy!? Ça va pas?"

Il hausse les sourcils et pose les courses sur la table, commençant à sortir les vivres.
"Les keufs? Comment ça il a disparu? C'est un papy comme toi? Il a pas pu aller bien loin..."

"Laisse faire papy..."
Il s'occupe de ranger les courses, inquiet de le voir dans cet état, même s'il essayait de ne pas le montrer.
"Il est peut-être parti en balade? Qu'est-ce qui pourrait lui arriver d'autre?"

Il fait une moue en continuant de ranger dans les placards.
"Farfelu comment?"

Il acquiesce.
"Ok..."
Oz s’exécute et prépare la théière ainsi que son 'pyjama' comme il aimait l'appeler, enfilant l'écrin de laine tricoté autour de l porcelaine.
"Ouais mais qui s'en prendrait à un papy? Faut être hyper lâche! Il a fait des conneries?"

Il hausse les épaules et verse l'eau chaude dans la théière.
"Ben... je sais pas s'il est farfelu... il s'est laissé aller à faire des choses pas légales sans s'en rendre compte ? Ou a fréquenter des gens pas fréquentables..."

Oz sourit en coin, toujours gêné par cette proximité physique, mais il ne souhaitait pas froisser son grand père.
"Ouais non ça va... j'ai bossé j'avais un gros devoir à rendre avec la prof hyper chiante tu te souviens? Ça s'est bien passé j'crois qu'j'ai assuré! J'aimerai bien qu'elle me prenne en stage alors j'essaye de me faire remarquer mais dans le bon sens du terme tu vois? Pour une fois..."

Oz rit, un peu gêné.
"Ouais... Chais pas tu sais ce genre d'effort je peux le faire ponctuellement mais... je suis pas un coureur de fond..."

Gauti

On sonne à la porte. Papy Gauti fronce les sourcils. "C'est étrange, je n'attends plus personne." Il soupire et pause sa tasse de thé.

(J'aimerai bien qu'on profite de la rencontre, pour que chacun fasse une petite description de son perso, dans son physique et son attitude.)

Oz se lève d'un bond.
"Laisse papy je vas le faire..."
Le jeune homme va ouvrir la porte d'entrée d'un geste sec et rapide, sur la défensive, comme s'il s'attendait à devoir défendre son grand-père. Le nez froncé, il fixe les deux jeunes gens avec suspicions. Qu'est-ce qu'ils faisaient là? Qu'est-ce qu'ils voulaient à son grand père?
Ils étaient vaguement familiers mais sans plus...

Le jeune homme face à eux n'est pas très grand et affiche, au delà de sa mine renfrognée, des yeux noirs et des cheveux tout aussi sombres contrastant grandement avec une peau plutôt pâle. Il se dégage de lui une tension semblant assez habituelle, renforcée par un physique mince et très nerveux. Habillé comme un "djeun's" des rues, il contraste plutôt avec la coquète maisonnette qu'ils peuvent entrapercevoir.

"On est pas intéressés..."
Il s’apprête à fermer la porte.

"Attends !"

Valentina crie presque, et met un pied dans la porte, se rapprochant dangereusement d'Oz. Ce n'est pas un comportement normal - elle en a immédiatement conscience. C'est toute la frustration accumulée depuis la veille qui s'exprime. La jeune femme brune est de petite taille, et sa carrure est peu imposante; elle dégage pourtant une énergie menaçante. On devine presque des muscles saillants sous son pull de laine. Malgré cette entrée en matière peu engageante, son regard est à l'opposée de son langage corporel. Ses yeux noirs se font soudain presque suppliants.

"S'il te plait... Nous avons besoin d'aide."

Il fait une légère moue grimaçante en la détaillant de la tête aux pieds.
Elle lui plait... Mais il ne le fera certainement pas remarquer... c'était toujorus pareil avec Oz, il ne draguait jamais les filles qui lui plaisaient vraiment...

"Ouais? De l'aide pour quoi?"

Yannick est un peu dépassé par l'électricité ambiance, il regarde Oz dans les yeux avec un regard calme, presque tendre et dit :

- Mon ami a disparu, nous avons besoin d'aide. Il était également ami avec Gauti. On pourrait en parler ?

Yannick est châtain très clair, habillé plutôt élégamment, sans être non plus déplacé dans un univers jeune. Ses gestes et ses mots sont très précis, posés, on sent une bonne maîtrise de soi.

Oz détaille "monsieur zen" avec un peu plus de curiosité. Encore un qui allait lui faire la morale à n'en point douter.

"Vous parlez du vieux? D'antomachin? Mon grand père sait rien, ça le touche déjà beaucoup, je veux pas qu'on l'emmerde avec ça. Et en quoi ça vous regarde vous?"

D'un autre côté, l'idée de faire entrer cette belle plante et faire connaissance ne lui déplaisait pas...

La colère revient dans le regard de Valentina tels des nuages noirs dans un ciel tranquille.

"Antonius, pas 'antomachin'. Et ça nous regarde parce qu'on est humains, et que les personnes seules méritent qu'on les aide, point. Je pense que ton grand-père serait très content de nous aider, lui."

Valentina elle-même ne saurait expliquer pourquoi le jeune inconnu lui sert de paratonnerre, mais une chose est sûre: elle a de la foudre à revendre aujourd'hui.

Gauti

Intrigué par le bruit de la discussion, Gauti vient les rejoindre. Il pose doucement sa main sur l'épaule d'Oz et lui souffle gentiment : "Il fait froid, fais les entrer, tu veux bien ?" Le vieil homme leur sourit, il est plus petit qu'Oz, son visage bien que marqué par les ages est agréable, le peu de cheveux qui lui restent sont blancs et coupés très courts. Il porte des lunettes qui paraissent bien trop grands pour ses petit yeux gris. Il se dégage de lui une certaine sérénité. Il porte un pull brodé traditionnel islandais ainsi que des pantoufles.

En Islande, il est d'usage de se déchausser lorsqu'on entre chez quelqu'un.

Oz fronce les sourcils, il aurait bien des choses à rétorquer, juste comme ça, pour le principe, mais son grand-père l'arrête en chemin. C'est peut-être mieux, au moins il fermait sa grande gueule pour un temps...

Le regard qui se pose sur Gauti est plus inquiet, plus protecteur. Ils n'avaient rien à dire pour aider... Cela allait juste le rendre plus mal.
Le jeune homme se ferme et détourne le regard en ouvrant la porte pour les laisser entrer, laissant son papy faire l’hôte tout en aidant à l'accueil, parce qu'il était un minimum poli, récupérant leurs vêtements et les accrochant au porte manteau sur le mur d'entrée.

Valentina se recroqueville légèrement en voyant apparaître Gauti, un peu honteuse d'avoir haussé le ton, et se déchausse bien vite avant d'entrer.

"Merci, monsieur !"

Elle lance un regard en coin à Oz, mi-désolé, mi-rancunier. Maintenant qu'il se tait, elle ne trouve plus vraiment de raison de s'énerver contre lui. Et au fond, elle respecte sa volonté de défendre son grand-père. Mais elle n'a pas envie de s'excuser pour autant : et puis quoi encore ?

Le vieil homme les fait entrer dans son salon. L'endroit est confortable, bien que la décoration soit très vieillotte.

Gauti

"Vous voulez du thé ? Il est encore chaud." Il remonte ses lunettes sur le bout de son nez et plisse légèrement les yeux pour regarder Valentina puis Yannick. "Je ne crois pas avoir entendu vos noms."

Un peu paralysée par son respect des personnes âgées bienveillantes, Valentina regarde Yannick en coin pour le laisser parler le premier.

Yannick pour sa part considère que les personnes âgées méritent autant de respect que les autres, ni plus ni moins et se comporte donc exactement comme si Gauti avait 40 ans de moins :

- Merci beaucoup, une tasse de thé serait en effet fort bienvenue. C'est très sympa de nous accueillir. Nous sommes inquiets pour Antonius, vous êtes d'accord pour en discuter ensemble ?

Valentina rougit et bégaie légèrement.

"D... désolée Monsieur Gauti. Je m'appelle Valentina, et voici mon collègue Yannick. Nous travaillons à la bibliothèque, Antonius y venait... y vient souvent."

Puis, avec un regard en coin:

"Enchantée, Ósvaldur."

Oz s'était levé et exécuté pour servir le thé aux deux nouveaux arrivants, très poli. Il était reparti dans ses pensées et se demandait si quelqu'un venait piller les petits vieux du quartier. Il y avait des gros dur à Akureyri, mais aucune bande vraiment sérieuse... et puis c'était tellement lache de s'en prendre à un papy... est-ce que le sien était vraiment en danger?
Il tressaille en revenant à lui alors que la brunette prononce son nom, puis pose son regard sur elle, encore un peu dans la lune.
"Oz... y'a que mon grand père qui s'emmerde encore à m'appeler comme ça... enchanté oui..."
Il n'osait pas avouer qu'il n'avait pas entendu leurs noms, ils avaient du le dire lors de la discussion. Il demanderai à son grand-père plus tard...

- En fait c'est nous qui avons appelé la police. D'ailleurs ça fait partie des éléments surprenants de cette histoire, Antonius m'a appelé moi au lieu d'appeler la police, comme s'il avait quelque chose à se repprocher et qu'il préférait éviter leur intervention.

Yannick reste silencieux quelque temps...

- Du coup, je me demande si on l'a pas quelque peu trahi en appelant finalement la police...

Il se prend le visage à deux mains.

- Mon dieux, je suis totalement perdu !

Oz fixe son grand père avec de gros yeux entendus.
"Tu vois, je t'avais dit qu'il pouvait y avoir un truc louche!"
Il sort son téléphone et envoie un message à Isold.
--> Vous avez fait quoi hier soir avec votre frère et sa bande? Tu sais pas si ses gars ou d'autres bandes auraient pu cambrioler un papy? C'est un copain de Gauti, ça me fait flipper pour lui du coup...

"Il pouvait peut-être avoir un truc qu'il ne devait pas avoir..."

Il regarde les deux jeunes gens avec grand sérieux et une pointe d'adrénaline.
"Pourquoi vous êtes venus voir mon grand père en particulier? Comment vous avez su qu'ils étaient amis?"

Valentina regarde Oz droit dans les yeux, sans ciller.

"J'ai trouvé le portable d'Antonius sur le sol. J'ai regardé dans l'historique de ses appels pour trouver une piste, quelque chose, n'importe quoi. Je n'y ai trouvé que trois noms: Monsieur Gauti en faisait partie."

Puis, en revenant vers Yannick, avec un ton beaucoup plus doux, et un soupçon de larmes dans la voix:

"On étaient paumés hier, Yan. Les choses dorées, le silence, c'était... Pas appeler la police, c'était trop dingue à ce stade. Mais maintenant il faut continuer, faire tout ce qu'on peut pour le retrouver. Monsieur Gauti, est-ce que vous vous souvenez de quelque chose ? Est-ce qu'Antonius était inquiet ces derniers temps ? Est-ce qu'il vous a dit quoi que ce soit qui sortirait de l'ordinaire ?"

Valentina se rend subitement compte de ce qu'elle vient de dire, porte la tasse de thé à ses lèvres pour se donner une contenance, sans succès: elle n'a pas envie de mentir mais n'a pas envie d'expliquer le phénomène en détail. Pourquoi ? Aucune idée. Les mots de son professeur lui reviennent en tête: "de la magie". Comme à Marfa. Elle frissonne.

Elle fait mine de ressentir une vibration dans son manteau, plonge sa main dans sa poche et en ressort son portable qu'elle plaque contre son oreille en se levant bien vite.

"Excusez-moi, un appel important...", bredouille-t-elle en se levant et en enfilant ses chaussures à la hâte, avant de sortir sur le perron de la maison. Un appel important... tu es vraiment la reine des connes, ma pauvre. Comme s'ils allaient gober ça...

Elle cherche son paquet de clopes avant de se souvenir qu'elle vient d'arrêter pour la millième fois, et donne un petit coup de pied dans la neige.

"Eh merde."

D'un doigt, elle fait défiler son carnet d'adresse sur le petit écran. Qui est-ce que tu vas appeler à la rescousse, maintenant ? Papa, maman ? Il est temps de devenir adulte, ma petite. Retournes-y et dis la vérité.

Oz hausse les sourcils et interroge Yannick du regard, puis se lève.
"Je vais fumer, j'reviens papy..."
S'ils étaient ensemble, le blondin réagirait probablement. En tous cas il avait l'air inoffensif et ne s'en prendrait pas à son grand père.
Il met juste ses chaussure et une écharpe, il n'avait jamais craint le froid.

La porte claque derrière Valentina. Oz allume sa cigarette et tend son paquet vers la jeune femme. Elle n'était plus en conversation.
"Ça va? Rien de grave? Pas un autre papy qui disparait au moins?"

Yannick se retourne en regardant Oz sortir puis attrape sa tasse de ses deux mains comme pour se réchauffer.

- Merci de votre soutien, Gauti... Un grand collectionneur vous dites ? Oui c'est vrai qu'on a déjà parlé ensemble un nombre incalculable de fois de son fourbi. Peut-être qu'il avait des objets rares ou précieux... Il faudrait retourner chez lui pour voir mais j'y connais rien moi en babioles. Et vous ?

Valentina se retourne vers Oz et sourit légèrement - elle est à la fois amusée et touchée par la question. Puis elle fait non de la tête.

"Ça va."

Et puis, avec un sourire franc maintenant:

"Est-ce que tu fumes, Ósvaldur ?"

Rien d'agressif ou de revanchard dans son regard; elle donne au prénom une intonation presque douce.

Il rit.
"Si je te propose une cigarette en en ayant une d'allumer j'imagine que oui... mais tu parlais peut-être d'autre chose?" Demande-t-il plus complice.

"Et s't'euplé on arrête avec le Osvaldur..."
Il tire sur sa clope en la regardant en coin un moment.
"Désolé de m'être emporté tout à l'heure... ça m'fait flipper pour mon grand père cette histoire... l'Islande c'est tranquille comparé à d'autre pays, mais j'ai vu tellement de merdes..."

Elle range son portable.

"Je comprends. Je suis un peu pareil quand je tiens à quelqu'un."

Elle se met sur la pointe des pieds et soulève les épaules pour s'étirer, afin de chasser le froid - et un coup de barre naissant.

"C'est joli Ósvaldur. Mais je pige, va pour Oz. Y a des mythes qui te donnent raison, tu sais ? Toujours dangereux de donner ton vrai nom aux gens, de se dévoiler. Ca leur donne du pouvoir sur toi... ce genre de trucs. Moi, je préfère le naturel. T'avises pas de m'appeler Tina, vu ?"

Elle lui fait un clin d'oeil potache.

Il sourit en coin et lui passe son briquet.
"Vu... Moi c'est surtout que mes potes se foutaient toujours de ma gueule à l'école... quand ils arrivaient à prononcer mon nom... après c'est une question d'habitude... tu viens d'où toi?"

Il n'osait pas la regarder vraiment, peut-être trop gêné parce qu'elle lui plaisait de plus en plus.

(J'avais complètement zappé le fait qu'Oz a proposé une cigarette, oups j'ai modifié le dévut du message précédent)

Elle est silencieuse quelques secondes, accepte le paquet de clopes et le fait tourner dans sa main, un peu énervée d'en avoir tant envie, puis trouve un chewing-gum solitaire dans un vieux paquet chiffonné au fond de sa poche et le porte à sa bouche.

"Je suis passée par pas mal d'endroits. US Army oblige. Le seul que je peux appeler chez moi, c'est chez ma grand-mère. C'est au Texas, au milieu du désert. Elle est morte il y a longtemps... mais..."

Valentina fait tourner le paquet de cigarettes une fois de plus en le tenant entre deux doigts, en observant les yeux baissés de Oz. Sa gêne la rassure étrangement. Elle sort un petit stylo de sa poche de jean, et griffonne quelque chose sur le paquet. Tu sais comment il va l'interpréter, pas vrai ? Tu joues avec le feu, ma fille. Elle lui rend son paquet de clopes sans hésiter, un peu brusquement.

"Non merci finalement, j'essaie d'arrêter avec les mauvaises habitudes... Plus facile à dire qu'à faire. Je t'ai mis mon numéro et celui de Yannick. Je n'ai pas envie d'inquiéter ton grand-père avec ça, mais si tu entend quoi que ce soit qui pourrait nous mettre sur la piste d'Antonius... Appelle nous. S'il te plait."

Oz tique quand elle lui parle des États Unis.
"T'es américaine?"
Il retrouve un sourire plus franc et un peu gamin, cela semble lui plaire.
"J'en reviens! J'y ai vécu 8 ans, j'adore ce pays!"
Il se reprend en réalisant la spontanéité un peu naïve avec laquelle il avait sorti ca.
"Enfin... c'est cool c'est grand y'a tellement de monde et de lieux diffèrent à voir... des gens marrants..."
Il hausse les épaules comme si c'était pas important.

Oz regarde le paquet de cigarette avec une légère moue, un peu surprise, puis sourit en coin en le reprenant.
"Je donne pas dans les grands blonds..."
Réalisant qu'il venait encore d'entre hyper lourd il grimace et regarde ses pieds, se dandinant légèrement.
"Pardon... enfin..."
Il se racle la gorge et se redresse pour se donner un peu plus de contenance malgré sa petite taille, et reprend avec plus de sérieux, un tantinet brusque.
"Je pense que je vais pieuter chez mon grand père quelque temps... et j'ai demandé du côté des bandes qui traînent à Akureri et dans l'coin..."

Le jeune homme hésite et tire sur sa cigarette. Il devait en avoir le cœur net, tant pis s'il se ramassait encore une gamelle...
Regardant Valentina en coin il demande.
"C'est juste pour Antonius ton numéro?"

Valentina sourit face à son pur enthousiasme envers les Etats-Unis, avec un rien d'amertume bien dissimulée. Elle aimerait avoir d'aussi bons souvenirs de son pays natal.

Son sourire se fait un peu plus dangereux, son regard un peu plus sombre, lorsque Oz y va de son commentaire sur Yannick. Mais une partie non négligeable d'elle-même apprécie sa manière de mettre les pieds dans le plat. Tu as connu beaucoup de connards qui se donnent des airs de nice guys. Et tu espères que cette fois-ci tu es tombé sur un mec bien qui se donne juste des airs de petit con. Pas forcément faux. Mais fais gaffe.

Quand il ose poser sa dernière question, elle éclate de rire.

"T'es prévisible. Comme quelqu'un qui fait tapis au poker à chaque fois, parce qu'il sait qu'il a du fric plein les poches et qu'il pourra rejouer à tous les coups. Comme si rien n'avait de véritable enjeu. C'est pas super flatteur tout ça. Ca pue un peu le gosse de riche."

Son ton est beaucoup plus enjoué que ses propos. Elle danse d'un pied sur l'autre, comme si elle s'échauffait pour un entraînement - ou un combat.

Oz ne saisit pourtant pas du tout son ton enjoué et se referme immédiatement. Il se rend à l'extrême, épaules rentrées en avant alors qu'il se concentre pour ne pas laisser éclater sa colère.
Il pensait aux mots de Wyverne et se concentrait sur cette boule insupportable qui venait de naître voilement dans son ventre. Il respire trois fois, comme pour l'envelopper, la maîtriser à saurait de la chasser...
Le jeune homme tire longuement sur sa cigarette avant de l'écraser sur la coupelle de terre cuite posée à l'envers comme un couvercle sur le por lui correspondant puis y enferme son mégot.

"T'as raison... chuis un putain de gosse de riche. Maintenant que tu m'as mis une belle étiquette..."
Il mime cette dernière avec ses mains à plat devant lui.
"...tu m'excuse..."
Il fait mine de rentrer.
" J'espère que tu retrouveras ton papy..."

Il rentre en claquant la porte derrière lui, grimaçant de ne pas avoir réussi à contenir ce geste puis après avoir enlevé à l'arrache ses chaussures va se réfugier dans la cuisine, la rage au ventre. Quoiqu'il arriverait, il serait toujours pour les uns le fils à papa et pour les autres le pauvre con à problèmes... une honte pour les deux camps puisqu'il fallait visiblement en avoir un...

Essayant de se concentrer sur la vaisselle il fait malgré tout tomber un gobelet sur les assiettes entassées et en brise quelques unes dans un fracas assourdissant, qu'il ponctue d'un "putain!".
S'énervant d'autant plus il brise de nouvelles assiettes dans des gestes non maîtrisés de colère. Il avait envie d'exploser la gueule de quelqu'un...
"Va te faire foutre!!"